Jusque-là circonscrit au Sud-Ouest, le virus de la grippe aviaire vient de toucher l'Ile-de-France. « Depuis 2015, le phénomène prend une ampleur que les éleveurs et producteurs de foie gras n'avaient pas encore connue » estime Nicolas Schwebel, président de Feyel-Artzner, transformateur de foie gras à Schiltigheim. Le Ministère de l'agriculture vient certes d'annoncer des mesures d'indemnisation, l'abattage préventif de milliers de volailles entraîne faillites et drames humains.
Vide sanitaire
En réaction au phénomène, les mesures prises l'an dernier auront coûté, selon l'interprofession, 270 millions d'euros pour la mise en place d'un vide sanitaire (130 millions d'euros pour la filière en amont et 140 pour l'aval de la filière). À cela se sont ajoutés 220 millions d'euros pour la mise en place des nouvelles mesures de biosécurité, soit un total de 490 millions d'euros. Le soutien des pouvoirs publics s'élève quant à lui au total à 130 millions d'euros.
Une chute de la production de 25 %
Le comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras, le Cifog, chiffrait à la mi-janvier à 120 millions d'euros les mesures prises depuis le début de l'année 2017. En conséquence des mesures, entre janvier et décembre 2016, la production française de foie gras a chuté de 25 %. « L'année écoulée a vu la mise en place d'un dispositif sanitaire de nouvel ordre. Une fois que celui-ci sera rodé, la baisse de la production devrait être de 10 à 15 % » précise Patricia Houdebert, responsable marketing chez Feyel-Artzner. Conséquence de cette dégringolade de la production, une hausse des prix répercutée sur le consommateur. Celui-ci a payé sa tranche de foie gras entre 20 et 40 centimes plus cher. « Le foie gras reste un produit attractif, cette hausse a peu d'impact sur la consommation » souligne Nicolas Schwebel.
15 % de ventes en moins
Pourtant, la Maison qui transforme 500 tonnes de foie gras par an et autant de magrets et terrines, a vu ses ventes chuter de près de 15 % en 2016. « Nous exportons 40 % de notre production et, en 2016, nous avons subi l'embargo du Japon sur le foie gras français. Nos produits sont distribués en duty free et dans les restaurants mais le secteur du tourisme enregistre également une diminution de son activitédue notamment à la menace terroriste. Tous ces éléments se répercutent sur nos ventes ». Une particularité de la Maison Feyel Artzner, 35 % de son foie gras provient de l'oie. Elle se fournit en Hongrie et en Loire-Atlantique, des périmètres jusque-là peu touchés par la grippe aviaire. Depuis la fin de l'année 2016, l'épizootie se répand pourtant sur ces zones géographiques et Feyel-Artzner reste attentif au développement de la situation.
