Le groupe associatif mulhousien Familles Solidaires (CA consolidé : 311 000 euros, 12 collaborateurs, 120 bénévoles) veut financer son premier immeuble "solidaire". La société foncière, spécialisée dans l'habitat dit "inclusif" destiné aux personnes âgées, en soins palliatifs ou handicapées, cherche à lever "au moins" 1,6 million d’euros d’ici fin 2021 pour ce projet inédit.
Avec un budget total de quatre millions d'euros sans le foncier, c'est le plus gros projet de ce type lancé par Familles Solidaires, qui compte déjà trois projets d'habitats inclusifs mis en location à Riedisheim (Haut-Rhin) et à Strasbourg et Schleithal (Bas-Rhin), et trois autres en préparation en Alsace et en Bretagne.
Quatre millions d’euros sans le foncier
Le groupe associatif a été créé en 2013 à partir d’un fonds solidaire d’investissement (une société foncière) lancé par huit familles et amis de personnes handicapées, qui ont investi 180 000 euros. Huit ans plus tard, le capital social de cette foncière agréée "Entreprise solidaire d’utilité sociale" avoisine les 2,5 millions d’euros. Il a doublé en 2019 après l’arrivée, parmi les 133 actionnaires, de l’association de soutien aux entrepreneurs engagés France Active (300 000 euros) et des fonds français spécialisés dans l’investissement socialement responsable Mirova (500 000 euros), filiale de Natixis, et Ecofi (500 000 euros), filiale du Crédit coopératif. Le groupe associatif compte également deux associations, à Mulhouse (Haut-Rhin) et à Tregon (Côtes-d’Armor), un fonds de dotation et un centre d’expertise.
Le nouveau projet d'immeuble solidaire est le premier d’une série de cinq immeubles qui seront implantés dans toute la France. Il sera composé d’un tiers d’habitat inclusif loué à des personnes âgées, en soins palliatifs ou en situation de handicap, d’un tiers vendu en accession à la propriété et d’un tiers destiné à des espaces de services (café associatif, entreprise adaptée…). Le premier tiers devrait permettre la création d’environ une douzaine à une quinzaine d’équivalents temps pleins dans le secteur de l’aide à la personne.
À la recherche de foncier
Reste encore à trouver le foncier. Familles Solidaires veut implanter son premier immeuble de "1 500 à 2 000 m²" en Alsace, décrit Jean Ruch, fondateur et codirigeant du groupe associatif. Il prospecte dans les villes de plus de 20 000 habitants, "équipées de services nécessaires aux personnes vulnérables comme des commerces, des services de santé, des transports en commun" et vise un bail réel solidaire, emphytéotique ou de la pleine propriété à bas prix. Le groupe associatif rencontre actuellement des bailleurs sociaux pour faire du co-portage de projet et compte lui-même devenir bailleur social en demandant l’agrément Maître d’ouvrage d’insertion en 2021. "Cela nous permettra de proposer des loyers plus bas, entre cinq et sept euros du mètre carré", explique Jean Ruch.
L’objectif est de lancer la construction à l’automne 2022. Familles Solidaires est en discussion avec la banque BNP Paribas, l’assureur Maif et la Caisse des dépôts. "L’objectif est d’avoir un équilibre économique et de garder un objet social, pas de servir des actionnaires", rappelle Jean Ruch. Ces derniers bénéficient d'avantages fiscaux, mais ne touchent pas de dividendes.
