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Entre grippe aviaire et coût de l'énergie, Feyel & Artzner contraint d'adapter sa production de foie gras
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Entre grippe aviaire et coût de l'énergie, Feyel & Artzner contraint d'adapter sa production de foie gras

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Pour honorer les commandes de fin d’année, le transformateur alsacien de foie gras Feyel & Artzner a dû ajuster sa production en raison des épisodes de grippe aviaire et des pénuries de matière première. Il pallie la hausse des coûts de l’énergie en mixant ses sources d’approvisionnement.

Malgré les pénuries de matière première, le transformateur de foie gras Feyel & Artzner se projette en 2023 et prévoit d’élaborer de nouvelles recettes — Photo : Ignacio Haaser pour Feyel & Artzner

Feyel & Artzner boucle l’année 2022 sur une note particulière. En raison des épisodes de grippe aviaire, le transformateur de foie gras bas-rhinois a dû adapter sa production et son activité. L’usine installée à Schiltigheim emploie 80 personnes et connaît habituellement un pic saisonnier pour préparer les fêtes de fin d’année. "La grippe aviaire n’est pas un phénomène nouveau, mais la particularité des dernières vagues d’épidémie est que plusieurs régions productrices en Europe ont été touchées en même temps cette année", souligne Claudine Roposte, présidente de Feyel & Artzner.

10 % de volumes en moins

L’entreprise s’approvisionne en foie gras cru aussi bien en France qu’en Hongrie. Ce pays d’Europe centrale, fournisseur de viande d’oie, a été frappé par la grippe aviaire en même temps que les producteurs du Sud-Ouest en 2022. Résultat : "il manque cette année environ 10 % de volumes", calcule Claudine Roposte. Durant les premiers mois de l’année 2022, l’entreprise a pu compter sur ses stocks de 2021, plus importants que d’habitude en raison de la pandémie de Covid-19. Cependant, "plusieurs références de produits ont été interrompues en septembre car une trop forte hausse des prix n’aurait pas été acceptable pour les clients", complète Patricia Houdebert, directrice marketing et communication chez Feyel & Artzner. L’entreprise distribue sa production en grandes et moyennes surfaces (49 %), en épiceries fines et réseaux spécialisés (20 %) et à l’export (31 %).

Anticipation

En deux ans, le prix de la tranche de 50 grammes de foie gras a augmenté d’un euro pour le consommateur final. Pour autant, Feyel & Artzner "a la chance d’être sur un segment de produit de luxe relativement protégé des effets de la crise", décrit Patricia Houdebert. L’industriel de l’agroalimentaire, qui boucle son exercice fiscal en avril, projette un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros à fin avril 2023, contre 13,2 millions d’euros au 30 avril 2022. "Cela dépendra tout de même de ce qui va se passer au premier trimestre 2023", tempère Claudine Roposte. La dirigeante n’ose pas imaginer une nouvelle épidémie de grippe aviaire en début d’année. Les précédents épisodes ont en effet contraint l’entreprise de vivre une double pénurie de matières premières, liée à la fois à la crise actuelle mais aussi liée à l’épizootie qui a touché les volailles. "Pour sécuriser les livraisons, les achats de composants et d’emballages sont anticipés" pour les mois à venir, décrit Daniel Pereira, directeur général de Feyel & Artzner.

Économie d’énergie

Autre anticipation, celle de la flambée du prix de l’énergie. Pour cela, la PME diversifie ses sources d’approvisionnement. Elle prévoit, avec Électricité de Strasbourg, l’installation de 1 500 m² de panneaux photovoltaïques sur le toit de l’usine. Cet investissement de l’ordre de 500 000 à 600 000 euros devrait lui permettre de couvrir 20 % de ses consommations d’électricité de base. 50 000 euros ont aussi été injectés dans l’installation d’une cuve à propane, moins cher que le gaz de ville. L’entreprise a investi deux millions d’euros dans un nouveau circuit frigorifique moins énergivore, installé progressivement à partir de 2021. Enfin, Feyel & Artzner a le projet d’une chaufferie qui pourrait être approvisionnée en biogaz, là encore pour réduire la facture.

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