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Engins de chantier : Liebherr France se dirige vers une année de production record grâce à une nouvelle gamme
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Engins de chantier : Liebherr France se dirige vers une année de production record grâce à une nouvelle gamme

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Le fabricant de pelles sur chenilles Liebherr France va produire 2 000 machines en 2021, un nombre jamais atteint depuis son installation à Colmar, dans le Haut-Rhin, en 1961. Cette filiale du groupe germano-suisse Liebherr veut continuer à innover pour rester à la pointe.

Liebherr France va fabriquer 2 000 engins de chantier en 2021, une année record pour la filiale du groupe germano-suisse — Photo : Dominique Giannelli

Liebherr France n’avait jamais produit autant. D’ici la fin de l’année, près de 2 000 engins de chantier devraient sortir de ses quatre lignes de production colmariennes (Haut-Rhin), contre 1 650 en 2020 et 1 850 en 2019. "Nous allons certainement atteindre un chiffre d’affaires de 650 millions d’euros cette année, contre 539 en 2020 et 626 en 2019 (pour 1 425 collaborateurs, NDLR)", souligne Martin Schickel, le directeur général en charge du commerce*.

Cette filiale française du groupe Liebherr (CA 2020 : 11 Md€, 48 000 collaborateurs) a été la première filiale étrangère créée par la maison mère, une entreprise familiale allemande fondée par Hans Liebherr en 1949, mais dont le siège social est désormais à Bulle, en Suisse. Aujourd’hui, le groupe, spécialisé dans les machines-outils, réfrigérateurs et équipements aéronautiques, est dirigé par la troisième génération de la famille Liebherr.

Les pelles sur chenilles dédiées au terrassement produites sur le site de Liebherr France sont commercialisées dans le monde entier, principalement en Allemagne (23 % du chiffre d’affaires de la filiale) et en France (18 %), mais aussi en Suisse, en Autriche, aux Pays-Bas, ou encore en Afrique, en Asie, en Australie, aux États-Unis, au Canada et au Brésil. Une partie des machines que ce site conçoit sont produites par un site du groupe en Chine (280 collaborateurs) et un autre au Brésil (860 collaborateurs).

En France, le groupe compte deux autres filiales, à Colmar elles aussi : Liebherr-Mining Equipment (CA 2020 : 450 M€, 640 collaborateurs), spécialisé dans les pelles minières, et Liebherr-Components (CA 2020 : 60 M€, 266 collaborateurs), qui fabrique les moteurs, ainsi que cinq petites sociétés (200 collaborateurs, CA non communiqué) de location et de prestations de service, installées à Niederhergheim (Haut-Rhin).

Une nouvelle génération de pelles sur chenilles

Pour Martin Schickel, deux raisons expliquent les bons résultats de Liebherr France en 2021 : une offensive sur le plan commercial et les fruits de la mise sur le marché d'une nouvelle gamme de pelles sur chenilles en 2019. Il s’agit de la génération 8, huit modèles de 22 à 45 tonnes qui possèdent une motorisation dernier échelon, avec commandes électriques et non plus hydrauliques. "Ces commandes permettent d’économiser du carburant en gardant le même rendement", appuie l'ex-dirigeant. À titre de comparaison, elles consomment 40 à 50 % de carburant en moins que les pelles sur chenilles de génération 4, commercialisées par Liebherr France il y a dix ans. Le développement de cette nouvelle gamme aura duré cinq ans et nécessité l’installation d’une nouvelle ligne d’assemblage dédiée pour un montant de cinq millions d’euros.

Innover sur cette gamme était stratégique pour la filiale française : "Les pelles de 22 à 45 tonnes sont notre cœur de marché", précise Alban Villaumé, le responsable marketing. Elles représentent près de 40 % du chiffre d’affaires issu de la production, soit environ 30 % du chiffre d’affaires global de Liebherr France. Depuis la commercialisation de la gamme 8, près de 2 000 de ces nouvelles machines ont été produites à Colmar. La prochaine étape pour Liebherr France consistera à faire passer les autres pelles sur chenilles du site en génération 8, soit les 50 tonnes, les 70 à 100 tonnes, ainsi que les pelles compactes (14, 20, 26 et 36 tonnes). "Ces dernières représentent un marché de plus en plus important, souligne Alban Villaumé, car les chantiers ont tendance à s’urbaniser."

Poursuivre l’effort avec les énergies alternatives

Les économies de carburant sont aussi des économies de CO₂. Désormais, les équipes de R & D (220 collaborateurs) de Liebherr France travaillent sur des pelles sur chenilles fonctionnant avec des énergies alternatives. La filiale française investit chaque année 3 % de son chiffre d’affaires en R & D. Dans les cartons se trouvent notamment des engins de chantier sur batterie ou encore à hydrogène, mais le constructeur ne souhaite, pour l’instant, pas en dire plus ni sur le calendrier, ni sur les montants investis. Les difficultés sont encore nombreuses : "Il faut pour l’instant multiplier la taille du réservoir par dix-sept pour avoir la même autonomie en hydrogène qu’en diesel", précise Martin Schickel.

"En matière de faible consommation, nous ne souhaitons pas nous arrêter aux moteurs, poursuit le directeur général, nous travaillons aussi sur l’usine". Liebherr France investit ainsi 6,9 millions d’euros dans la modernisation de sa ligne de fabrication mécanosoudée, dont la cellule de soudage robotisée date de 1989. Les travaux ont débuté en mai 2021 et doivent se terminer en 2024. Pour ce projet, Liebherr France bénéficie du Fonds de soutien à l’investissement industriel du plan France Relance à hauteur de 600 000 euros.

Relocaliser

Grâce à cet investissement, Liebherr France veut ainsi augmenter de 25 % la production de flèches mécanosoudées sur le site de Colmar, qui en produit environ 800 par an. Ce gain doit permettre à la filiale française de rapatrier cette production jusqu’ici effectuée, en partie, par des sous-traitants en Slovaquie, en Slovénie et un peu en Allemagne. "Notre objectif est d’avoir une qualité plus régulière avec une homogénéité dans la durée de vie des composants", détaille Martin Schickel. Selon lui, ce type de relocalisation peut étonner : "il faut voir le coût de revenu total, le transport, les conditions et la flexibilité. Quand nous avons de nouveaux modèles, il faut changer toute la sous-traitance, plus c’est loin, plus c’est difficile". Liebherr y voit aussi un moyen de réduire son empreinte carbone avec des machines plus performantes et moins de transport.

Dépasser les 20 % de parts de marché en France

Liebherr France continue ainsi de s’étendre en France, du point de vue de la production (77 % du chiffre d’affaires) mais aussi sur le plan commercial (23 % du chiffre d’affaires). La filiale est en effet en charge de la commercialisation des engins de terrassement du groupe pour la France. Elle compte ainsi quatre agences commerciales à Colmar, à Marseille (deux antennes), à Bordeaux (trois antennes) et à Paris. Ensemble, elles regroupent 257 collaborateurs. S’y ajoutent un réseau de huit concessionnaires et une quarantaine de points de vente. En plus des machines produites à Colmar, ces agences et ce réseau commercialisent l’ensemble des engins de terrassement produits par le groupe.

Afin de se renforcer, Liebherr France prévoit d’ouvrir une seconde antenne dans l’Ouest parisien pour compléter l’agence de l’Est francilien, un bâtiment de 11 300 m² représentant 7 millions d'euros d'investissement. La construction a démarré au début de l’été 2021 et le bâtiment sera opérationnel à la mi-2022. Il doit accueillir 15 à 20 personnes. "Avoir des agences, des monteurs et des commerciaux proches des clients permet d’assurer plus de fidélité, d’augmenter les parts de marché. Nous sommes dans un métier où la proximité est un argument", explique Martin Schickel. L’Île-de-France doit jouer un rôle central dans cette stratégie. L’objectif du groupe en France est de dépasser les 20 % de parts de marché dans toutes ses agences en 2022, alors que la moyenne de la filiale française se situe entre 18 et 20 %.

*Martin Schickel est parti à la retraite fin octobre.

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