DS Smith Kaysersberg : Une usine qui cartonne bien

DS Smith Kaysersberg : Une usine qui cartonne bien

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Sous la houlette de son propriétaire britannique, le cartonnier plus que centenaire s'adapte parfaitement à la modernité de ses marchés de l'emballage.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Au fond de la vallée, les bâtiments fleurent bon le début du XXe siècle. L'intérieur n'évoque pas davantage la salle blanche ou le fablab. Et il arrive à la machine d'origine de tourner encore. Baptisée du nom de sa commune haut-rhinoise d'accueil, l'usine "Kaysersberg" ne serait-elle qu'un vestige du passé, vouée à rejoindre le rang des souvenirs ? Philippe Heinrich, son directeur, pense tout le contraire. Et, fait plus décisif encore, son actionnaire aussi ! DS Smith, géant papetier-cartonnier britannique de plus de 5 milliards d'euros de chiffre d'affaires (4,035 milliards de livres pour l'exercice 2013/14), confirme d'année en année son soutien au site alsacien de 180 salariés permanents, dont il a pris le contrôle en 1992. D'ailleurs, avec bientôt un quart de siècle de présence, il s'approche des records de longévité parmi la lignée plutôt nombreuse des propriétaires successifs de l'usine. S'il a hérité du précédent actionnaire américain une machine tout juste remise à neuf pour 20 millions d'euros, DS Smith a lui-même régulièrement investi depuis. Notamment dans l'optimisation énergétique avec une cogénération gaz dont la dernière version a été installée en 2013 pour 4,5 millions d'euros. « Les investissements récurrents de modernisation atteignent 2 millions d'euros par an », ajoute Philippe Heinrich.




Un site « extrêmement solide »

DS Smith Kaysersberg fait partie de la division "papier" qui représente environ 20 % du chiffre d'affaires total du groupe et 2,5 millions de tonnes produites par an. Au sein de cet ensemble, il forme un pôle de carton plat, sa production principale, avec ses homologues en France (usine Chouanard* dans le Loiret) et en Grande-Bretagne. Après un pic à 170 000 tonnes dans les années précédant la crise de 2008, sa production annuelle est repassée à 150 000 tonnes, pour se stabiliser à ce seuil. « Le site est extrêmement solide », souligne Philippe Heinrich. Papetier dans l'âme, le dirigeant local - également responsable de la division papier France du groupe - lui attribue trois atouts forts : « la qualité technique du produit, la compétence de la main d'oeuvre qui est recrutée à bac + 2, la diversité de la clientèle ». Alors qu'ils sont produits à partir de fibres recyclées, les papiers et cartons qui sortent de Kaysersberg se caractérisent par un degré de pureté qui ne les différencie guère d'un produit en matière vierge, au niveau de leur aspect extérieur très homogène et de leur résistance mécanique. La technique maison de pressage des feuilles, dite "à sabot", assure l'évacuation d'un maximum d'eau.




De la boîte de lessive à la Vache qui rit

Les familles de débouchés, quant à elles, sont proches de la dizaine. DS Smith Kaysersberg indique détenir la moitié du marché européen des boîtes de lessive en poudre. Ce type d'emballage est devenu plus rare dans les rayons des hypermarchés d'Europe de l'ouest. « Le marché s'est beaucoup déplacé en Europe de l'Est », confirme le dirigeant. Les croisillons gris ou bruns de séparation dans les emballages, les cartons blancs pour assiettes, les cartons d'enroulement pour mandrins (les cylindres de papier-toilette par exemple), les intercalaires dans les palettes de canettes, ainsi que le papier pour carton ondulé - l'autre forme d'emballage carton - comptent aussi parmi les piliers d'activité. Enfin, le nom de Kaysersberg est indissociable de La Vache qui rit : le cartonnier alsacien est le fabricant de la fameuse boîte, grâce à ses propriétés d'emboutissage rigoureusement conformes aux exigences du groupe Bel. « Nous sommes le leader de la boîte de fromage fondu », appuie son directeur. La répartition des débouchés est telle qu'aucun ne dépasse 20 % à lui seul. « Ceci permet de s'adapter aux variations des uns et des autres », relève Philippe Heinrich. C'est là que la présence de la machine d'origine prend tout son sens. « Elle nous apporte la flexibilité en cas d'afflux ponctuel de commandes. Pour éviter de dire non au client... ou de livrer en retard ! », poursuit le dirigeant. L'évolution des modes de consommation, illustrée par l'exemple des boîtes de lessive, et l'intégration dans la stratégie de croissance de la maison-mère font progresser le poids de l'export. La France demeure le premier marché avec 35 % (dont 10 % par livraison d'usines internes), mais elle est talonnée par l'Allemagne (30 %) et le Royaume-Uni. La Pologne prend une place croissance et la carte des clients s'est enrichie de la Turquie ou du Maghreb. Autant de destinations lointaines pour lesquels le - relatif - éloignement de l'usine des grands axes de communication demeure indifférent.

DS Smith Kaysersberg SAS



(Kaysersberg) Président : Philippe Heinrich CA 2013/14 : 76 millions d'euros 180 salariés 03 89 78 30 00