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De Dietrich Process Systems valorise ses équipements grâce à l'innovation
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De Dietrich Process Systems valorise ses équipements grâce à l'innovation

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La famille alsacienne De Dietrich reprend la totalité des parts de De Dietrich Process Systems, son ETI industrielle tricentenaire, après le départ de Bpifrance de son capital. Depuis le siège du Bas-Rhin, le fabricant d’équipements et de solutions de procédés pour les industries pharmaceutiques, de la chimie et de la chimie fine mise désormais sur l’innovation pour continuer de croître.

Jacques Moulin préside l'ETI alsacienne De Dietrich Process Systems depuis 2019 — Photo : Lucie Dupin

En Alsace, la famille De Dietrich a construit un règne industriel depuis trois siècles. Associée à l’essor économique du territoire, cette dynastie écrit en 2023 une nouvelle page de son histoire. La famille De Dietrich a repris la participation de Bpifrance à hauteur de 21,88 % dans la société De Dietrich Process Systems, pour en redevenir l’actionnaire unique. L’ETI (200 M€ de chiffre d’affaires, 1 100 salariés dans le groupe), située à Zinswiller (Bas-Rhin), dans le nord de l’Alsace, fournit des équipements, systèmes et solutions de procédés pour les industries pharmaceutique et chimique mondiales.

Une stratégie pérennisée

De Dietrich Process Systems avait accueilli Bpifrance à son capital en 2011 à l’issue de la crise de 2008. Depuis lors, la société s’est internationalisée. "La structure est entrée dans le groupe à une période post-crise et a rempli sa mission d’aider une entreprise qui a du savoir-faire à se redévelopper", estime Jacques Moulin, président de De Dietrich Process Systems. Le groupe a ainsi orienté ses activités vers l’Asie, où il y avait une forte demande. "Depuis deux ans, la situation est respectable et Bpifrance a proposé à la famille De Dietrich le rachat des parts", précise celui a qui a été nommé à la tête de l’entreprise en 2019.

Selon le dirigeant, "cette réorganisation capitalistique n’entraîne pas de changement dans la gestion courante de l’entreprise. Il n’y aura pas d’impact, à court terme, sur la stratégie du groupe. À la différence d’une société cotée en Bourse, la famille s’inscrit dans le moyen à long terme". Jacques Moulin, extérieur à la famille industrielle De Dietrich, juge même "qu’il s’agit d’un acte de confiance envers la stratégie menée". Aujourd’hui, le groupe réalise 60 % de son activité en Europe et compte 20 sites dans 13 pays.

La pharma prend le pas sur la chimie

Ingénieur en génie chimique et environnemental de formation, Jacques Moulin était précédemment directeur général d’Heurtey Petrochem, société cotée d’ingénierie internationale spécialisée dans la conception et la fabrication de fours pour l’industrie du raffinage et de la pétrochimie. Depuis son arrivée en Alsace il y a quatre ans à la présidence de De Dietrich Process Systems, la société a gagné 50 millions d’euros de chiffre d’affaires. Elle a passé, en 2022, la barre des 200 millions, grâce à une stratégie menée notamment en direction de l’industrie pharmaceutique. D’une répartition de l’activité en 2019 à 60 % pour la chimie et 40 % pour la pharmaceutique, les rapports se sont aujourd’hui inversés. De Dietrich Process Systems réalise un tiers de son activité avec des clients de la chimie et les deux tiers restants avec le secteur pharmaceutique. Jacques Moulin avance deux raisons à ce phénomène : "Depuis la crise du Covid, nos clients des big pharma ont voulu diversifier leur chaîne d’approvisionnement de principes actifs venant auparavant d’Asie (Chine et Inde). Une partie de la fabrication a ainsi été relocalisée en Europe et aux États-Unis". De plus, le dirigeant reconnaît "des clients récurrents puisque l’entreprise jouit d’une belle image de sérieux et de qualité, sur un marché premium".

L’entreprise tricentenaire De Dietrich Process Systems produit dans le nord de l’Alsace des cuves émaillées et autres équipements pour l’industrie — Photo : De Dietrich Process Systems

Pour son activité émail, le groupe compte trois usines dans le monde, au Texas, en Chine et la plus grosse dans le Bas-Rhin, à Zenswiller. Le site alsacien emploie 350 salariés et a réalisé, en 2022, 60 millions d’euros de chiffre d’affaires. Côté chimie, l’usine fabrique des équipements en acier émaillé, comme des réacteurs mélangeurs, destinés à la transformation des produits chimiques. "La chimie est une activité corrosive, l’émail est donc là pour protéger l’intérieur des récipients", schématise Jacques Moulin. Pour compléter ses lignes de produits, le groupe dispose également d’une usine de verre borosilicate en Allemagne et d’une usine de filtres sécheurs en Bourgogne.

Équipements connectés

Le positionnement premium de De Dietrich Process Systems, avec des produits à grande valeur ajoutée, est un axe de développement fort pour le groupe. Dans le cadre d’un programme d’innovation, la société travaille en effet à intégrer des éléments faisant appel à l’intelligence artificielle pour fournir des équipements connectés. À l’aide d’un partenaire spécialisé dans le domaine, De Dietrich Process Systems pourrait par exemple à l’avenir proposer des réacteurs émaillés connectés pour fournir des données relatives à l’usure des équipements, aux paramètres d’approvisionnement, etc.

Si l’entreprise se fait accompagner par des partenaires spécialisés pour ce qui relève de l’intelligence artificielle, elle compte des bureaux de R & D sur ses sites de production et, à l’échelle du groupe, a investi 14 millions d’euros en 2022 pour la modernisation. Soit près de quatre fois plus qu’en moyenne (trois à quatre millions d’euros par an).

Le site alsacien De Dietrich Process Systems s’étend sur une superficie de 87 000 m², dont près de 42 000 m² de bâtiments — Photo : Lucie Dupin

Nouvelles compétences

Pour accompagner ses développements sur de nouveaux segments d’innovation, De Dietrich Process Systems a fait le choix d’ouvrir un bureau d’ingénierie à proximité de son usine de Semur-en-Auxois (Côte-d'Or) de filtration/séchage. "Nous savions fournir la chimie mais pas la pharma. Nous avons ouvert ce bureau d’ingénieurs à Dijon à l’automne 2021 pour accompagner nos clients en amont dans leurs études et projets d’investissement", précise Jacques Moulin.

Si ce bureau est une création, De Dietrich Process Systems sait également se diversifier en externe pour remédier aux difficultés de recrutement et intégrer de nouvelles compétences au groupe. "Il est difficile d’embaucher, donc une des stratégies de recrutement passe par le rachat", pointe le dirigeant. Le groupe alsacien a ainsi récemment acquis l’entreprise espagnole Zean Engineering. Le groupe a aussi pris des parts dans un bureau d’études lyonnais "pour créer un lien capitalistique avec une compétence que l’on recherche", décrit Jacques Moulin, dont l’entreprise mise également sur la formation interne pour recruter.

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