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Credir : "L'épuisement professionnel est multifactoriel"
Interview Haut-Rhin # Santé

Jean-Denis Budin président du Credir Research Institute "L'épuisement professionnel est multifactoriel"

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Depuis 2013, le Credir a accueilli 500 personnes victimes de burnt-out ou d’épuisement professionnel. Pour les aider à mieux rebondir, elles suivent trois jours de séminaires à Kaysersberg-Vignoble, en Alsace. Explications de Jean-Denis Budin, président du Credir Research Institute.

Jean-Denis Budin, fondateur du Credir, est l'auteur de 33 clés pour une période clé, aux éditions du Credir. — Photo : Raphaël Helle / Signatures

Pour accompagner la prise en charge d’une situation d’épuisement ou de burn-out, le Credir (Centre résidentiel de prévention de l’épuisement et de burn-out pour tous professionnels) a développé le concept de "qualité de vie globale". En quoi consiste-t-il ?

Les participants aux séminaires du Credir viennent de toutes les professions et ont tous les âges. En revanche, leur point commun est d’être très engagé au travail. Lors des séminaires, ils rencontrent des experts interdisciplinaires, des coachs sportifs, des médecins, des comptables, etc., car l’épuisement se veut multifactoriel. Tout part d’une mauvaise hygiène du sommeil mais le déséquilibre est ensuite global et n’est pas imputable uniquement au contexte professionnel. D’où la notion de qualité de vie globale, qui prend en compte la santé, la qualité de vie au travail et hors travail.

La pandémie que nous traversons a-t-elle exacerbé les situations d’épuisement, notamment professionnel ?

Au sortir du premier confinement, à l’été 2020, la soixantaine d’intervenants et de médecins travaillant pour le Credir a constaté un triptyque récurrent, que l’on a dénommé le "syndrome LES" pour lassitude, épuisement, solitude. Nous avons tous vécu, depuis le début de la pandémie, des attaques de lassitude, des accumulations d’événements qui nous usent. Les personnes seules le soir ont été les plus touchées avec ce mélange de télétravail, de manque de sommeil, de rythme de vie déséquilibré et de frontières numériques floues. Pour y remédier, il faut se trouver "un deuxième cerveau". Nous sommes fragilisés individuellement et tout jugement sur une situation doit ainsi être revalidé par une autre personne, "ce deuxième cerveau". Protéger son cerveau passe aussi par une bonne hygiène de vie, comme du sommeil, de l’exercice physique, une alimentation équilibrée, la protection contre les addictions, la respiration, un break un jour par semaine et deux fois deux semaines de vacances par an.

Quels sont les axes de développement du Credir ?

50 % des ressources du Credir, dont le statut est associatif, proviennent des séminaires et missions en entreprise réalisés par notre équipe. Les 50 % restants sont issus de dons et de mécénat. Notre feuille de route pour les années à venir s’articule autour de trois objectifs. Nous souhaitons contribuer à faire progresser la recherche médicale pour mettre en évidence un marqueur de l’épuisement professionnel qui pourrait être détecté dans une analyse biologique simple. De plus, le Credir veut cibler la jeunesse car les stagiaires victimes d’épuisement sont de plus en plus jeunes et des actions de communication sont à mener auprès de ce public, au sein des écoles supérieures et des universités par exemple. Enfin, la démarche d’accompagnement proposée par le Credir est reconnue pour être unique au monde et nous internationalisons notre offre. Concrètement, tous nos supports pédagogiques sont traduits pour permettre d’ouvrir un Credir par aire linguistique. Sous forme de licence qui sera source de revenus pour notre association un premier centre va ouvrir à l’étranger cet automne. Zurich sera le centre référent pour le monde germanophone avec l’accueil d’un public suisse, allemand ou encore autrichien.

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