Coronavirus : les collectivités du Grand Est en première ligne pour soutenir les entreprises
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Coronavirus : les collectivités du Grand Est en première ligne pour soutenir les entreprises

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Le monde économique s'est réuni au siège de la Région Grand Est à Strasbourg pour discuter des conséquences des mesures de protection contre le coronavirus Covid-19 sur les entreprises. Un dispositif de 25 millions d'euros a été mis en place pour soulager leurs problèmes de trésorerie. Les secteurs du tourisme, de l'événementiel et de l'agroalimentaire sont particulièrement touchés.

Josiane Chevalier, préfète du Grand Est, Jean Rottner, président de la Région Grand Est et Lilla Merabet, vice-président de la Région Grand Est, ont présenté un plan d'action pour les entreprises impactées par la crise du coronavirus — Photo : © Jean-Luc Stadler

Lors d’une réunion le 10 mars avec les représentants du monde économique, Jean Rottner, le président de la Région Grand Est, a identifié trois conséquences du coronavirus sur les entreprises : « des difficultés de trésorerie, d’approvisionnement et des mesures de chômage partiel. » Josiane Chevalier, la nouvelle préfète du Grand Est, était également présente à cette réunion qui a eu lieu à Strasbourg en présence des agences de développement économique, des différentes chambres de métiers régionales, des banques, du Medef, du club ETI, de la Caisse des dépôts, de l’Urssaf, de la responsable des mandataires judiciaires, ainsi que de quelques grosses entreprises parmi les principaux industriels de la région.

Les secteurs les plus touchés sont le tourisme, l’événementiel et l’agroalimentaire, notamment les traiteurs qui voient leurs commandes annulées suite aux mesures de protection. Le président de la Région a chiffré, par exemple, à 10 millions d’euros le manque à gagner pour les clubs de football du Grand Est dont les revenus dépendent habituellement de leur billetterie. Ils joueront tous leurs matchs à huis clos, au moins jusqu’au 15 avril 2020, suite à une décision au niveau national de la Ligue de football professionnel.

Un « prêt rebond » pour les entreprises en difficulté

Pour Jean Rottner, « les entreprises sont dans une situation fragile, il ne faut pas que le monde bancaire leur ferme ses portes ». Avec le soutien de l’État, la Région Grand Est vient de lancer un nouveau dispositif de « prêt rebond » à effet immédiat pour les entreprises qui font face à une « baisse d’activité ou à une perte de chiffre d’affaires liée à des ruptures dans la chaîne d’approvisionnement, une diminution de l’activité ou une annulation d’événement », indique un communiqué.

Les entreprises qui souscrivent à un prêt auprès d’une banque pour soulager leur trésorerie pourront voir ce prêt garanti à 80 % à parts égales par Bpifrance et la Région Grand Est. « Le prêt sera ensuite bonifié à hauteur de 50 % par un fonds abondé à part égale par la Région Grand Est et Bpifrance », ce qui permettra de doubler la somme obtenue par l’entreprise, indique Lilla Merabet, vice-présidente de la Région Grand Est déléguée à la compétitivité, l’innovation et le numérique.

Le comité régional Grand Est de la Fédération Bancaire Française communique par ailleurs sur l'engagement et la mobilisation des banques « pour accompagner leurs clients dans ce contexte. Elles examineront avec attention les situations individuelles des TPE et PME impactées dans les secteurs exposés aux conséquences de cette crise sanitaire. Les banques rechercheront notamment au cas par cas les solutions adaptées aux besoins de financement court terme».

Ce programme d’urgence a pris effet le 9 mars. En une journée, une cinquantaine d’entreprises y avaient déjà fait appel. Vendredi 6 mars, la somme allouée par la Région Grand Est à ce prêt rebond avait été évaluée à 15 millions d’euros, avant d’être relevée à 25 millions d’euros quatre jours plus tard. « Cette somme peut potentiellement encore augmenter », consent Lilla Merabet. Par ailleurs, les entreprises ayant souscrit une avance remboursable à taux zéro auprès de la Région Grand Est et dont l’échéance est due cette année pourront demander un report jusqu’à l’année prochaine.

Favoriser les relocalisations

La procédure se veut rapide avec des délais d’environ deux semaines. La Région Grand Est sera assistée par l’État qui met en place un guichet unique pour les entreprises en difficulté. Elles doivent contacter la Direccte, qui les orientera ensuite vers les différents mécanismes, qu’ils soient régionaux comme le « prêt rebond » ou nationaux comme pour le recours à l’activité partielle. Pendant la conférence de presse, Josiane Chevalier, la préfète du Grand Est, en a précisé les modalités : « 7,23 à 7,74 euros par heure de travail chômée seront pris en charge par l’État et l’Unedic ». Les entreprises en difficulté pourront également demander un étalement de leurs dettes fiscales et sociales.

Par ailleurs, le monde économique se projette déjà dans la phase 4 de gestion de la crise, celle du retour à la normale. Un groupe d’experts a été constitué avec la participation des agences de développement économique. Une réflexion sur l’accompagnement des entreprises qui souhaiteraient relocaliser leurs activités dans le Grand Est ou ailleurs en France a été engagée. Selon Lilla Merabet, la Région travaille déjà sur deux cas d’usage, dont une entreprise proche du secteur de l’automobile. Il s’agit de les aider à travailler sur leur chaîne d’approvisionnement en identifiant des ressources locales.

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