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Coronavirus : le façonnier Synerlab anticipe une reprise au pas de course
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Coronavirus : le façonnier Synerlab anticipe une reprise au pas de course

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Le groupe Synerlab, basé dans le Bas-Rhin, mise sur son organisation flexible pour maintenir son niveau de production pendant la crise sanitaire liée au coronavirus. Spécialisé dans la production de petites et de moyennes séries de produits pharmaceutiques, le façonnier se prépare à une hausse importante de la demande lors de la reprise de l'économie.

— Photo : ©Anne Milloux

Depuis le début de la crise du coronavirus, les sept sites de production du groupe pharmaceutique Synerlab (CA : 140 M€, 1 200 collaborateurs), basé à Entzheim dans le Bas-Rhin, n’ont cessé de tourner, notamment ses deux sites d’Erstein (Bas-Rhin), ceux de Vernouillet (Yvelines), de Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), d’Orléans (Loiret) et ses deux usines espagnoles. Producteur à façon pour l’industrie pharmaceutique, Synerlab est spécialisé dans les formes solides comme les comprimés nus, les dragées et les capsules qui représentent la moitié de son chiffre d’affaires, suivis par les collyres, sprays nasaux, ainsi que les sachets et sticks pour poudres et liquides.

Une demande élevée en sortie de crise ?

Synerlab se trouve actuellement entre la première et la seconde phase de la crise liée à l'épidémie. « La première étape du confinement a provoqué des problèmes d’effectifs. La deuxième étape, des soucis d’approvisionnement avec des délais de livraison rallongés et la dernière étape est celle de la reprise de l’économie », explique Bruce Vielle, directeur général du groupe. Le dirigeant estime que « lors de la sortie de crise, il y aura une demande élevée de la part des clients. Nous avons tous subi des baisses d’activité avec un marché hospitalier en demande haute. Les stocks des distributeurs ont diminué. Il va falloir réamorcer la pompe et réalimenter ». En prévision, le groupe cherche à acquérir des machines d’occasion pour pouvoir augmenter sa capacité de production.

Pour l’instant, la baisse provisoire d’activité reste « difficile à évaluer », confie le dirigeant. Selon lui, à la fin de l’année, elle pourrait représenter « entre 5 et 10 % du chiffre d'affaires ». Le groupe a rencontré « des problèmes d’approvisionnements très modérés », notamment pour le site espagnol qui travaille avec quelques clients et fournisseurs italiens.

Les baisses et les hausses se compensent

Les difficultés des fournisseurs impactent aussi les investissements. Ceux-ci représentent en moyenne 20 % du chiffre d’affaires du groupe, soit 12 millions d’euros par an. Certains sont décalés comme la nouvelle ligne de remplissage aseptique pour collyres de l’usine Pharmaster à Erstein (CA : 30 M€, 140 collaborateurs) pour six à huit millions d’euros. La prise de commande devait se faire au printemps, mais elle a été reportée à fin 2020. L’installation d’une nouvelle ligne de remplissage stérile et d’un lyophilisateur pour 5 millions d’euros sur le site d’Alcalà Farma à Madrid a également pris du retard, car « les techniciens viennent des États-Unis. Ils ne peuvent pas se déplacer. Nous sommes en train de chercher d’autres solutions », précise le dirigeant.

Malgré ces difficultés, Synerlab possède une particularité qui lui permet de bien résister à la crise du coronavirus. « Nous sommes spécialisés dans les petites et moyennes séries, explique Bruce Vielle. Nous avons 200 clients, dont le plus gros compte pour 12 millions d’euros de chiffre d’affaires. Notre produit principal nous permet de réaliser 4,5 millions d’euros. Cette multitude est une complexité importante, mais elle nous rend plus solides. Nous sommes moins impactés si nous perdons un produit, les baisses et les hausses se compensent. »

Un groupe réactif

Cette flexibilité a également permis à Synerlab de se lancer dans la lutte contre le coronavirus, notamment quand le gouvernement espagnol a fait appel au site madrilène : « en l’espace de quelques e-mails, nous avons pu commencer à produire des lots cliniques d’antibiotiques contre le coronavirus, utilisés dans la réalisation d’essais cliniques, indique Bruce Vielle. On nous a demandé de multiplier la production par trois ou par quatre. Nous sommes capables de produire à ce niveau-là de réactivité. »

Le groupe réalise 90 % de son chiffre d’affaires en Europe, notamment près de la moitié en France, puis en Espagne, en Allemagne, mais aussi aux Pays-Bas, en Pologne et en Russie. Ses clients sont souvent également fournisseurs des principes actifs.

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