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Coronavirus : Abtey accuse une chute des ventes de ses chocolats en grandes surfaces
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Coronavirus : Abtey accuse une chute des ventes de ses chocolats en grandes surfaces

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La chocolaterie industrielle Abtey a livré depuis plusieurs semaines ses lapins et poules en chocolat aux grandes surfaces alimentaires. Si tout semble prêt pour Pâques, la PME alsacienne craint des ventes catastrophiques à cause de l'épidémie de coronavirus.

— Photo : © Lucie Dupin

Si la chocolaterie industrielle haut-rhinoise Abtey (CA 2019 : 17 M€ ; 119 collaborateurs) a fait de sa spécialité les chocolats fourrés à la liqueur, vendus principalement à Noël, ce sont aujourd’hui les moulages pralinés des lapins et poules de Pâques qui préoccupent la PDG, Anne-Christine Wagner. L’entreprise située à Heimsbrunn, dont l’activité saisonnière se concentre sur les fêtes de Pâques et de fin d’année, vend principalement en grande distribution dans toute la France et à l’export dans 43 pays. « Pâques représente 45 % de notre chiffre d’affaires, la situation est donc catastrophique », assure la dirigeante qui entrevoit « une perte de chiffre d’affaires d’au moins 20 % pour le mois d’avril. Même si la plupart des ventes se réalisent la dernière semaine avant les fêtes de Pâques, nous restons réalistes. Nous sommes vendus en grande distribution et, avec le confinement, les consommateurs vont à l’essentiel pendant leurs achats en grande surface ».

« Nous n’avons pas accès aux grandes surfaces pour placer nos produits »

La chocolaterie industrielle a pu livrer sa production entre mi-février et fin février. Pour autant, certaines commandes venant d’Italie ou d’Espagne ont notamment été annulées.

De plus, habituellement, les agents commerciaux d’Abtey sont chargés de disposer en rayon les stocks en réserve dans les grandes surfaces. « Avec le confinement, nous n’avons plus d’accès aux supermarchés et les employés des magasins ont d’autres priorités que de placer les chocolats. Les stocks s’accumulent donc en réserve et nos distributeurs nous demandent d’appliquer des remises commerciales », précise la patronne de la chocolaterie haut-rhinoise. Habituellement, il existe un accord entre chaque distributeur et Abtey pour que l’industriel alsacien reprenne une partie des invendus. Ces retours sont fixés à la discrétion avec chaque enseigne. Dans ce contexte de

confinement, Abety craint que les grandes surfaces demandent de reprendre la totalité des invendus. Crainte justifiée alors que la chocolaterie enregistrait 25 % de stocks vendus en fin d’avant dernière semaine avant Pâques. « Les autres années, à cette période, c’est au moins 50 % des stocks qui ont déjà été écoulés », décompte Anne-Catherine Wagner.

Relancer la production en mai

Après avoir arrêté l’ensemble de sa production dès le début du confinement en raison de la localisation de l’usine dans l’épicentre de l’épidémie, la chef d’entreprise espère relancer les lignes début mai. Cette période correspond à la préparation des premières commandes expédiées par grand export maritime. À partir de mi-juin en effet, les premiers chocolats festifs prendront la direction de l’étranger pour préparer la saison des fêtes de fin d’année. Pour redémarrer, la chocolaterie dispose certes de stocks, mais « se posera peut-être des problèmes d’approvisionnement en emballage et en matière première », projette Anne-Catherine Wagner.

Après avoir réalisé « une très bonne saison de Noël à + 9 % », l’entreprise s’apprêtait à lancer des investissements pour automatiser son processus de production. Des projets reportés au regard du contexte actuel. La patronne rassure pourtant, « il n’y aura pas de licenciement, nous nous serrons les coudes. Nous aurons peut-être une ou deux années difficiles à passer mais nous ne sommes pas les plus à plaindre par rapport aux petits commerces ».

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