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Comment Norcan passe des profilés en aluminium à la robotique
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Comment Norcan passe des profilés en aluminium à la robotique

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Cinq ans après sa reprise par l'actuel PDG Stéphane Fauth et quatre cadres, la PME d'Haguenau, connue pour ses solutions modulaires à base de profilés en aluminium, s'est lancée sur le marché des robots. Pour ce faire, elle a créé Sherpa Mobile Robotics, qui espère clôturer une levée de fonds de 5 à 10 millions d'euros au premier semestre 2021.

Stéphane Fauth, le PDG de Norcan, a fondé Sherpa Mobile Robotics en septembre 2019 — Photo : ©Charlotte Stiévenard

L'aluminium était jusqu'ici au cœur de l'activité de Norcan, le « mécano industriel », comme le surnomme son PDG Stéphane Fauth. La société fondée en 1987 à Haguenau développe et assemble, sur mesure, des cloisons, des convoyeurs ou encore des chariots à base de grilles, de profilés en aluminium ou de vitres en Plexiglas. En septembre 2019, Norcan (21 M€ de CA en 2019, 150 collaborateurs) s'est lancé dans une nouvelle aventure : la société a créé une filiale, Sherpa Mobile Robotics (SMR), pour fabriquer des robots mobiles permettant d'automatiser la gestion des stocks.

Au premier semestre 2021, SMR doit boucler sa première levée de fonds de 5 à 10 millions d'euros, afin de couvrir les investissements déjà réalisés et de financer pendant deux ans le développement d'autres produits, notamment de deux nouveaux robots. « Nous avons investi cinq millions d'euros dans le développement des robots SMR », indique Stephan Fauth, qui précise avoir reçu 400 000 euros de prêt à l'innovation de Bpifrance et la même somme de la Région Grand Est.

Un nouveau métier

Pour Norcan, qui réalise 3 500 projets différents par an pour 1 500 clients dans les secteurs de la production, de l'industrie, de la logistique, de la distribution et de l'e-commerce, c'est une nouvelle étape d'une histoire qui a commencé il y a six ans. « Quand nous avons repris Norcan en 2014 avec quatre cadres, nous avons immédiatement compris qu'il fallait innover », explique Stéphane Fauth. Alors que le groupe livrait des milliers de chariots de manutention classiques à l'e-commerce, les actionnaires ont « vu le potentiel derrière les robots collaboratifs et mobiles et compris que ce serait une révolution dans le monde de l'industrie ».

Le premier département de R & D de Norcan a ainsi été fondé. Pour le groupe haguenovien, c'était un nouveau métier. « Nous sommes des mécaniciens, explique Stéphane Fauth, nous ne connaissions pas l'intelligence des robots. » Alors qu'il développait un premier prototype de chariot suiveur de la marque Sherpa, le groupe a choisi de s'allier à un partenaire extérieur. Ainsi, après avoir coopéré deux ans avec une première société dont il ne souhaite pas communiquer le nom, le groupe a signé un accord de coopération avec Balyo (CA 2 019 : 20,43 M€) en 2018. La société d'ingénierie du Val-de-Marne, spécialisée dans l'automatisation des chariots de manutention, s'est fait connaître, notamment, pour l'accord signé début 2019 avec le géant Amazon pour équiper ses chariots élévateurs. « Ce qui nous a intéressés, c'est que Balyo utilisait déjà des capteurs, précise Stéphane Fauth. Il était reconnu sur le marché comme étant spécialiste de la localisation », c'est-à-dire la capacité pour un automate de se repérer dans l'espace.

Des partenaires pour industrialiser et vendre les robots

Pendant deux ans, Norcan et son partenaire ont poursuivi le développement du chariot suiveur automatisé, un premier robot capable de transporter des bacs. En 2019, Norcan a décidé de créer Sherpa Mobile Robotics (SMR), dont la société holding de Norcan est l'actionnaire majoritaire. SMR s'est ensuite lancé dans la création d'un second robot capable de transporter des palettes. Ces deux automates sont dédiés à « la logistique interne, la manutention et la préparation de commandes ».

Aujourd'hui, SMR compte 20 collaborateurs et a intégré des électromécaniciens et des développeurs de Balyo. Dans un communiqué publié en mars 2020, la société indique que « Balyo cède à SMR les actifs réalisés spécifiquement pour la gamme Sherpa, et transfère ses équipes affectées au développement de la gamme. En contrepartie Balyo va bénéficier de bons de souscriptions d'actions lui donnant accès jusqu'à 30 % du capital de SMR. » Depuis sa création, Sherpa Mobile Robotics a vendu 32 robots à 18 clients, dans l'industrie et l'automobile notamment. Malgré un ralentissement des commandes dû à la crise sanitaire, elle compte atteindre les 100 robots vendus d'ici à fin 2021.

Pour atteindre cet objectif, en octobre 2020, SMR s'est notamment allié à la PME Altodis (CA : 21 M€, 50 collaborateurs). Ce spécialiste de la location et de la réparation de matériel de manutention et de BTP, installé à Rixheim dans le Haut-Rhin, commercialise la gamme de robots mobiles et collaboratifs de Sherpa Mobile Robotics en Alsace et en Franche-Comté. Pour Altodis, l'intérêt est de compléter ses solutions logis-tiques de déplacement vertical par des solutions de déplacement horizontal. Pour SMR, il s'agit d'avoir accès au réseau de techniciens de proximité d'Altodis.

Préparés à rebondir en 2021

La société Norcan, poursuit, quant à elle, sur sa trajectoire, non sans mal. En 2014, les repreneurs indiquaient vouloir atteindre les 20 millions d'euros de chiffre d'affaires et transformer le groupe en ETI. Si ce dernier objectif est encore loin, le premier a été atteint dès 2018. La crise sanitaire pourrait cependant ralentir la croissance. Norcan a vu son chiffre d'affaires baisser d'environ 25 % en 2020. Il a été touché principalement par le ralentissement brutal des secteurs de l'aéronautique, de l'automobile et de la mécanique causé par la crise sanitaire. « Nous avons dû arrêter nos ateliers trois semaines en mars et les technico-commerciaux ne pouvaient pas sortir », explique Stéphane Fauth. Selon le PDG, « les industriels ont également décalé leurs investissements ».

Pour compenser, Norcan a misé sur l'agroalimentaire, le pharmaceutique et l'e-commerce, tout en accélérant les innovations et la refonte de sa stratégie commerciale. La société a pu obtenir six millions d'euros d'aides grâce à un prêt garanti par l'État, un prêt Atout de Bpifrance et un prêt rebond de Bpifrance et de la Région Grand Est pour passer le cap. Des investissements ont été repoussés, notamment la rénovation pour un million d'euros d'un bâtiment de 3 6 0 0 m ² acquis en 2018 et qui permettra de réorganiser les flux industriels. » Nous ne sommes pas devins. Difficile de dire comment cette année va se dérouler, mais nous sommes bien préparés pour le rebond. Si tout va bien, nous espérons retrouver au moins le chiffre d'affaires de 2019 », estime le PDG. Fort de ses filiales étrangères en Espagne, Allemagne, Pologne, Suède et Maroc, Norcan exporte 25 % de sa production, principalement vers l'Europe, mais aussi le Maroc ou la Tunisie.

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