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Brexit : Gripple revoit sa stratégie européenne depuis Obernai
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Brexit : Gripple revoit sa stratégie européenne depuis Obernai

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Le fabricant britannique de tendeurs-rabouteurs et de systèmes de suspension Gripple s’inquiète d’un Brexit sans accord commercial. Il se prépare à renforcer sa production sur le sol continental, notamment à Obernai, dans le Bas-Rhin, où se trouve son siège européen.

— Photo : ©Charlotte Stiévenard

Il y a encore peu, toute la production du groupe britannique Gripple (CA groupe : 100 M€, 850 collaborateurs) comme ses tendeurs-rabouteurs pour la viticulture et ses systèmes de suspension pour le BTP se faisait depuis les cinq (bientôt six) usines de son siège de Sheffield, en Angleterre. Alors que la perspective d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sans accord commercial se profile, l’industriel a commencé à produire sur le continent, notamment à Obernai, dans le Bas-Rhin, où se trouve son siège Europe (CA : 40 M€, 140 collaborateurs dont 60 à Obernai).

Contourner un retour des taxes douanières

« Nous craignons un allongement des délais de livraison entre l’Angleterre et la France, mais aussi un possible retour des taxes douanières », s’inquiète Denis Anthoni, le directeur général de Gripple Europe. Il explique : « tous les jours, un camion part de Sheffield à 16 heures et arrive le lendemain à 13 heures à Obernai » où se trouvaient jusqu’en 2019 uniquement les services commerciaux, le support, ainsi qu’un centre technique et un espace de stockage. Après avoir convaincu son patron anglais d’installer son siège Europe an Alsace à la fin des années 1990, Denis Anthoni voudrait désormais produire sur le continent pour les marchés habituels de Gripple Europe (Europe, Afrique, Russie), a fortiori si un Brexit sans accord est acté.

Début 2019, Gripple Europe a donc réalisé un investissement de 800 000 euros pour installer les premières machines à Obernai, ce qui lui permet de réaliser aujourd’hui 15 % de son chiffre d’affaires grâce à sa production en Alsace. Pour le directeur général, le site d’Obernai, qui a déjà doublé de surface en 2012 pour atteindre 2 000 m², « a encore des possibilités de s’étendre », et notamment d’augmenter de 50 % sa surface au sol et de 150 % sa surface en hauteur.

Des objectifs de production qui dépendront du Brexit

Depuis fin 2019, la filiale polonaise de l'industriel s’est, elle aussi, lancée dans la production grâce à un investissement de 200 000 euros qui lui permet de réaliser 14 % du chiffre d'affaires de Gripple Europe. De nouvelles installations du même type doivent suivre dans les autres filiales italienne, espagnole et portugaise pour desservir le sud du continent. Le calendrier, les montants des investissements et les objectifs de production n’ont pas encore été définis et dépendront du Brexit.

Gripple Europe réalise aujourd’hui 60 % de son chiffre d’affaires dans le secteur de la construction, 15 % dans la viticulture, 18 % dans l’agriculture, 5 % dans le sismique et 2 % dans les nouveaux marchés comme le génie civil et l’expertise sismique. En octobre, le groupe Gripple anticipait une baisse de son chiffre d’affaires de 10 % en 2020 par rapport à 2019. Il continue de miser sur l’international tout en privilégiant la proximité, comme en Allemagne où la croissance sur la même période devrait atteindre + 10 %, notamment grâce à l’installation d’un centre technique en 2019 à Francfort. Cet investissement de 100 000 euros pour la rénovation des locaux permet à 15 collaborateurs de travailler sur place. Aujourd’hui, la France reste le deuxième marché du groupe Gripple après les États-Unis et représente 20 % du chiffre d’affaires de Gripple Europe.

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