Dans un contexte réglementaire aujourd'hui plus favorable aux entreprises et pour faire face à la pénurie de compétences sur certains métiers clés de l'industrie, l'Alsace et l'Union des industries et métiers de la métallurgie s'organisent. « La loi sur la formation professionnelle est une opportunité pour nous de développer encore l’apprentissage, qui fait déjà partie de notre culture du fait de notre proximité avec l’Allemagne, se réjouit Bruno Russo. Dans cette période de pénurie d’emplois sur certains métiers, c’est un levier intéressant », ajoute le président de l’UIMM Alsace, qui indique un renforcement des compétences de la fédération patronale locale en la matière. Un contrat d’objectif territorial a d’ailleurs été signé récemment avec sept autres branches industrielles, à l’échelle du Grand Est.
Former à l'industrie 4.0
L’UIMM Alsace porte, aux côtés de l’UIMM nationale, la Région Grand Est, Mulhouse Alsace Agglomération et la Ville de Mulhouse un projet de création d’un nouveau Centre de Formation des Apprentis de l’Industrie (CFAI) dans le nouveau quartier de la Fonderie, à deux pas de l’Université de Haute-Alsace et du futur totem numérique KM0. « Il pourra accueillir 300 étudiants et sera structurant pour tout le sud de l’Alsace. Sur 5 000 m² il y aura un large panel de formation, y compris sur les aspects numériques indispensables à la mutation des industries vers le 4.0 », indique Bruno Russo.
L’investissement devrait avoisiner les 10 M€. Cette ouverture, prévue pour la rentrée 2020, complétera l’offre de formations de l’UIMM Alsace, après l’ouverture d’un premier CFAI à Eckbolsheim près de Strasbourg en 2011.
L’Alsace « exemplaire »
« Nous payons aujourd’hui le manque de formation et d’information. Nous peinons toujours à trouver des apprentis dans certains métiers et c’est problématique quand l’activité repart », constate le nouveau président national de l’UIMM, Philippe Darmayan, en visite en Alsace début octobre. Le président d’ArcelorMittal France et ancien président de l’Alliance pour l’industrie du futur, cite l’Alsace comme étant exemplaire en matière de formation. « J’ai eu à voir les particularités de cette région, ma carrière m’ayant conduit à une époque à travailler à Ottmarsheim dans la découpe de l’acier », évoque-t-il. « À l’échelle nationale, nous voulons augmenter de 10 % par an le nombre d’apprentis », annonce-t-il.
Pour faire face à la pénurie de compétences sur certains métiers clés, les industriels s'organisent. L'apprentissage est un levier, mais pas le seul. L’entreprise Weishaupt (70 personnes ; CA 2017 : 54 M€), à Colmar, filiale française d’un groupe allemand fabricant de brûleurs, chaudières et pompes à chaleur, s’est ainsi dotée en 2012 de son propre centre de formation pour faire face à la nécessaire montée en compétences de ses équipes. « Notre stratégie est de recruter des gens avec des compétences techniques déjà élevées, qui suivent ensuite sept semaines de formation dans notre centre, avant de rejoindre nos agences (25 en France) », souligne le directeur général Olivier Cézard. Dix personnes sont actuellement concernées.
