Bas-Rhin : Le site de Delpierre à Wisches prêt à remonter le courant
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Bas-Rhin : Le site de Delpierre à Wisches prêt à remonter le courant

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L'usine Delpierre de Wisches étoffe sa gamme dans le saumon et lance la construction d'un atelier "Marée". Un signal positif pour ce site menacé de fermeture l'année dernière.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Delpierre vient de lancer les travaux d'extension de son usine de Wisches, spécialisée dans la production de saumon fumé. Cette extension, de près de 1.000 m² qui s'ajoutent aux 13.000 m² existants, abritera un nouvel atelier saumon frais mariné dédié aux rayons " Marée " de la grande distribution. Cette activité va lui permettre d'augmenter ses volumes et ses gammes. C'est une nouvelle qui redonne de l'espoir aux 150 salariés (225 équivalents temps plein en intégrant les intérimaires), après une année 2015 compliquée. « Ce projet de réindustrialisation du site était une étape indispensable pour éviter le plan de sauvegarde », confirme son directeur, Emmanuel Romary.

Site déficitaire


Delpierre (1.000 salariés ; CA 2015: 250 M€), filiale du groupe Labeyrie Fine Foods (CA 1 MD€, 4.500 salariés), est soumise depuis quelques années à une concurrence accrue venant d'Europe de l'Est, notamment de Pologne, où le coût du travail est beaucoup plus faible. « De 4€ l'heure là-bas contre 24€ ici », précise Emmanuel Romary. Historiquement positionnée sur le saumon d'entrée de gamme, l'usine alsacienne était déjà montée en gamme vers 2005. Une stratégie qui n'avait pas suffi à distancer ses concurrents. De 2008 à 2014, les volumes produits sur le site, qui travaille pour la GMS en France et dans les pays limitrophes, ont été réduits de 5.200 tonnes à 3.800 tonnes. Malgré les investissements réguliers du groupe sur son site alsacien - 4,4 M€ injectés ces quatre dernières années pour maintenir les capacités de production au meilleur niveau - sa situation économique et sociale devenait réellement critique. Les pertes s'élevaient déjà à plus de 2 M€ en 2014 et le site faisait en outre face à un taux d'absentéisme très supérieur à la moyenne, de 25 % au lieu de quelque 7 % à l'échelle nationale dans l'agroalimentaire.

Des efforts consentis par les salariés


« Pour rebondir, le groupe envisageait de compléter la gamme de produits fabriqués par le site en intégrant la production de saumon frais mariné, à plus forte valeur ajoutée. Mais pour débloquer l'investissement, il fallait que les salariés du site adhèrent au projet », explique Emmanuel Romary. La direction souhaitait de leur part des efforts d'adaptation portant sur la durée et la modulation des temps de travail, les compléments de salaire et le présentéisme. Dans un climat social tendu - les représentants syndicaux refusant ce projet à l'exception de Force Ouvrière - un accord a finalement pu être signé en mai 2015 par une majorité de salariés, après deux mois et demi de concertation entre les partenaires sociaux et la direction. Des groupes de travail ont planché sur l'amélioration de l'organisation et des conditions de travail. « On a renoncé à nos primes de présences mensuelles soit 40€ bruts et limité nos pauses en journée pour gagner 28 min de travail par jour », témoigne une représentante du personnel. « Certains doutent encore aujourd'hui de la pérennité du site », confie une autre, qui avoue avoir passé aussi quelques nuits blanches l'année dernière, mais considère le lancement de ce chantier comme un signal positif.

Le rôle de l'État et des collectivités locales


Dans ce projet, « l'État, les élus et les collectivités locales ont joué un rôle crucial », souligne le directeur du site, qui a été accompagné par l'agence de développement économique régionale, l'Adira. Pour soutenir l'entreprise, la communauté de communes de la vallée de la Bruche a accepté de construire un atelier relais. Une fois construit, le bâtiment sera rétrocédé à Delpierre au prix hors subvention (de 700.000€), soit 1.35 M€. En parallèle, Delpierre a également débloqué 1,5 M€ pour rénover entièrement la chaîne du froid de l'usine, et 1 M€ pour moderniser les équipements, avec une subvention de la Région de l'ordre de 200.000€. Soit en tout quelque 4 M€ consacrés à ce plan de réindustrialisation du site, qui devrait être finalisé en juin prochain, avec la mise en route de la nouvelle unité. Celle-ci démarrera autour d'une production de 500 tonnes annuelles. Si des embauches sont envisagées une vingtaine de salariés sont dans l'immédiat, sur la base du volontariat, en cours de formation sur le site de Fécamp, d'où l'activité " marée " a été transférée. « Le taux d'abstention est redescendu sous la barre des 15 %. Il y a encore des progrès à faire mais nous devrions renouer rapidement avec la rentabilité », positive Emmanuel Romary.

Delpierre

(Wisches) Directeur : Emmanuel Romary 150 salariés CA groupe : 250 M€ 03 88 47 35 25 www.delpierre.com

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