Attractivité : L'Alsace en quête d'arguments pour attirer les cadres
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Attractivité : L'Alsace en quête d'arguments pour attirer les cadres

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Le froid et l'éloignement, voilà des images qui ont la vie dure quand il s'agit pour des cadres de se figurer vivre en Alsace. Pourtant, une fois ici, beaucoup avouent ne plus vouloir en partir. Alors comment parvenir à attirer les talents dans la région ?
— Photo : Le Journal des Entreprises

Le tout est d'oser franchir les Vosges et de poser ses valises dans une région qui « réunit tous les atouts sauf la mer » comme on peut l'entendre dire en Alsace. Si la qualité de vie de la région est plébiscitée par ses habitants qui ont appris à la connaître, encore faut-il se projeter lorsque l'on vient d'ailleurs. Dans le peloton de tête des territoires sollicités par les cadres, l'Alsace ne figure pas parmi les plus attrayants, au bénéfice de Bordeaux, Nantes et Lyon selon une enquête d'Opinionway pour Foncière des Régions en décembre 2014.




Brainstorming collectif

L'Alsace souffrirait-elle d'un manque d'attractivité pour recruter ses « talents » ? C'est en tout cas la réflexion menée par différents réseaux, qui une fois recoupée, mène au même constat : des postes de haut niveau ne trouvent pas toujours preneur en Alsace. Monique Jung, directrice adjointe de l'Adira, l'agence de développement économique du Bas-Rhin, explique ainsi que « la démarche initiée par l'Adira pour attirer les talents en Alsace est née du croisement de plusieurs sources. À commencer par les laboratoires et les centres de recherche comme le CNRS qui nous ont fait remonter depuis 2013 des difficultés à attirer et à recruter des directeurs et des responsables de laboratoire. À savoir que si ce type de poste n'est pas pourvu, c'est le recrutement de toute une équipe potentielle qui en pâtit. Parallèlement, nous avons initié une étude auprès des grands comptes. Là aussi, les entreprises, confrontées à des postes vacants, étaient en attente pour rendre attractive la région ». « Exilés » dans la capitale, les « Dirigeants alsaciens de Paris », cercle gravitant autour de Rémy Pflimlin, P-dg de France Télévisions, ont fait de leur côté le même constat quant à l'attractivité de leur terre d'origine. L'Adira a ainsi associé ce cercle au groupe de travail pour résoudre l'équation à plusieurs inconnues nommée attractivité des talents. Une cinquantaine d'entreprises, le monde universitaire, les métropoles, l'Apec ou encore l'Agence d'attractivité Alsace planchent actuellement sur un argumentaire pour donner envie aux cadres de franchir le pas et aux entreprises de développer une marque employeur.




Un marché en tension

Selon les estimations de l'Apec, l'association pour l'emploi des cadres, 80.000 cadres du privé exercent en Alsace, dont près de la moitié à Strasbourg qui se situe à la 11e place des zones d'emplois cadre en France, prise en sandwich entre Roissy-Sud Picardie et Rennes. En 2014, les embauches de cadres ont représenté 2.910 recrutements en Alsace, soit une diminution de 11 % par rapport à 2013. « Il peut coexister une situation de chômage de masse et des pénuries dans des métiers qui n'attirent pas les candidats ou nécessitant des compétences très spécifiques. Nous entendons parfois des cadres aux compétences rares ne souhaitant pas s'installer dans d'autres régions par crainte de fragiliser le réseau qu'ils ont réussi à tisser et de le perdre en cas de retour quelques années plus tard », estime Jacques Triponel, délégué territorial Apec Alsace.




Une décision familiale

Des cadres, Françoise Lécuyer en a côtoyé beaucoup sur le terrain. Elle est la créatrice et gérante de S.C.O.T, l'une des premières agences d'aide à la mobilité ouverte en France il y a 25 ans, chargée de faciliter l'installation de néoAlsaciens. Elle effectue, pour le compte d'entreprises, des missions d'accompagnement à la mobilité des cadres nationaux et internationaux. « Avec notre expérience du terrain, nous recueillons le ressenti des personnes découvrant l'Alsace lors d'un recrutement. Notre retour d'expérience intéresse donc l'Adira », explique Françoise Lécuyer. Selon elle, « les cadres nationaux sont moins mobiles et viennent pour du plus long terme pour faire carrière. Leur cahier des charges est rigoureux, ils souhaitent recréer ici ce qu'ils quittent ailleurs tandis que les internationaux sont davantage ouverts à l'inconnu ». L'intégration des enfants et l'emploi du conjoint sont des facettes qui pèsent dans la décision

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