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Alstom veut céder son site alsacien pour acquérir Bombardier Transport
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Alstom veut céder son site alsacien pour acquérir Bombardier Transport

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Afin de remplir les conditions fixées par la Commission européenne, le groupe français Alstom annonce vouloir céder son site de Reichshoffen, dans le Bas-Rhin, pour racheter la division ferroviaire du canadien Bombardier.

Les intentions d’Alstom concernant son site de production alsacien ont fait réagir les élus du Conseil régional du Grand Est réunis en séance plénière le 9 juillet 2020 — Photo : © Antoine Darnaud-Région Occitanie

C'est un nouveau coup de tonnerre pour l'industrie française. Alstom (CA 2019 : 8,1 Mds € ; 38 900 collaborateurs, dont 9 000 en France), fabricant de matériel et d’infrastructures de transport ferroviaire, a fait une annonce fracassante en indiquant vouloir céder son site de Reichshoffen (750 collaborateurs), dans le Bas-Rhin. Parmi d’autres engagements de la part d’Alstom, cette cession interviendrait pour permettre au groupe français de racheter Bombardier Transport, la division ferroviaire du canadien Bombardier, tout en respectant les règles fixées par la Commission européenne.

Une cession pour satisfaire les règles européennes

Le groupe français avait déjà vu son projet de fusion avec l’allemand Siemens déboutée par la Commission européenne en février 2019. Les raisons invoquées par l’instance européenne à l’époque : les deux entreprises « n’étaient pas disposées à remédier aux importants problèmes de concurrence […] relevés ». Cette fois-ci, Alstom estime, dans un communiqué, « répondre aux préoccupations initiales de la Commission européenne », inquiète du risque de « monopole ».

Le site bas-rhinois d’Alstom produit les trains régionaux à un étage de la marque Régiolis pour le marché français grâce à sa plateforme Coradia Polyvalent. D’ici 2024, celle-ci doit encore livrer une centaine de trains en France, sur une commande qui en comptait 400. Le seul autre producteur de trains de ce type en France est le site de Bombardier Transport à Crespin, dans le Nord. À Reichshoffen, le centre d’excellence chaudron et le Train Control Monitoring System (TCMS) en charge du pilotage électronique des trains, qui emploient tous deux 50 collaborateurs, ne sont pas concernés par la cession. Selon la position de la Commission européenne, l’acquisition de Bombardier Transport pourrait se faire d’ici le premier semestre 2021.

Les élus locaux en faveur d'une réforme de la politique européenne de concurrence

Les intentions d’Alstom concernant son site de production alsacien ont fait réagir les milieux locaux. Réunis en séance plénière le 9 juillet, les élus du Conseil régional du Grand Est ont ainsi voté une motion dans laquelle les élus prennent acte mais n’acceptent pas « la volonté d’Alstom de céder son site de Reichshoffen dans une période de grave crise économique et sociale – que nul n’ignore - propre à susciter colère et ressentiment chez nos concitoyens ». Ceux-ci sollicitent une rencontre avec les dirigeants du groupe et avec Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur.

De son côté, la députée européenne Fabienne Keller plaide en faveur « d’une réforme de la politique européenne de concurrence » et estime « qu’il est temps d’adapter les règles européennes de concurrence pour soutenir les entreprises européennes et veiller au maintien du tissu industriel de nos territoires ». Enfin, si Frédéric Bierry, président du Département du Bas-Rhin, « comprend l’ambition du français Alstom de devenir un groupe international fort […], celui-ci estime cependant que cette décision risque d’avoir un impact fort sur un site majeur de l’excellence ferroviaire française ».

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